vendredi 23 août 2013

Vous avez dit «  purgatoire »  ?


Finalement, qu'est-ce qui caractérise la foi d'un catholique ? Réponse : la croyance en la véracité du credo, des dogmes et des sacrements. Si vous adhérez à cela, vous êtes catholique. Si vous n'y adhérez pas, vous ne l'êtes pas. Or, il se fait que le purgatoire est un dogme. Donc, pas le choix : si vous désirez rester dans le navire du successeur de saint Pierre, vous êtes tenu d'y souscrire. Vous me direz : sur quoi peut-on se fonder pour affirmer ce dogme ? Rapidement, voici quelques motifs internes à la foi chrétienne qui nous permettent d'y croire...

  1. La croyance à l'existence du purgatoire est intimement liée à la prière pour les défunts. Pourquoi ? Parce que si quelqu'un est au paradis ou en enfer, il est inutile de prier pour lui. Impossible de changer sa situation. Donc, s'il y a prière, il existe un « lieu », un état intermédiaire.
  2. La prière pour les morts a toujours été pratiquée dans l'histoire de l'Eglise. En témoignent les inscriptions que l'on retrouve dans les catacombes, les écrits des tous premiers Pères de l'Eglise (Tertulien, Origène, Grégoire de Nysse...) et les Eucharisties célébrées sur les tombes des martyrs bien avant l'époque de Constantin et bien avant la constitution du canon du Nouveau Testament.
  3. La Bible. Certes, le mot « purgatoire » n'est pas mentionné dans l'Ecriture, mais la réalité qu'il désigne y est présente. Déjà dans l'Ancien Testament, on lit : « Car s'il n'avait pas cru que les morts dussent ressusciter, il était inutile et sot de prier pour eux...Voilà pourquoi il fit ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu'ils fussent délivrés de leurs péchés » (2 Machabées 12 ; 44-46). Concernant le Nouveau Testament, c'est encore plus clair. Dans la deuxième épître à Thimothée, chapitre 1, versets 16 à 18, saint Paul écrit : « Que le Seigneur fasse miséricorde à la famille d'Onésiphore...qu'Il lui donne d'obtenir miséricorde auprès de Lui » A l'époque où l'apôtre Paul écrit ces lignes, Onésiphore était mort. Donc, il prie pour un défunt. Autre verset : « S'il en était autrement, que gagneraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent pas, pourquoi donc se fait-on baptiser pour eux ? » (1 Corinthiens 15, 29). D'accord, il s'agit d'un baptème, mais, de un ; le baptème implique des prières pour le baptisé et de deux ; ce verset de la Bible nous montre qu'il est possible d'aider quelqu'un qui est mort. Continuons...
Dans la première épître de Pierre, il est dit que le Christ « est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois avaient été incrédules » (1 Pierre : 3, 19-20). Où étaient-ils, ces « esprits en prison » ? Au paradis ? En enfer ? Non, obligatoirement ailleurs, dans un autre « lieu ». Ouvrons l'évangile de saint Matthieu, chapitre 18, versets 18 à 19. Là, on lit : « ...Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il ait payé tout ce qu'il devait. C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son coeur ». « Vous traitera » où ? Sur cette terre ? Nous voyons bien que non. Et comme cela ne peut être ni au paradis ni en enfer, à nouveau, il s'agit d'un « endroit » intermédiaire. Encore un autre passage. Dans l'Evangile de saint Matthieu, chapitre 12, verset 32, il est dit que : "Le péché contre le Saint Esprit ne sera pardonné ni en ce monde ni en l'autre". Donc, on peut en conclure qu'il y a des péchés qui seront pardonnés dans l'au-delà; ce qui suppose un "lieu" de purification avant d'entrer au paradis. Je m'arrête là. En voilà assez, me semble t-il, pour nous montrer que le purgatoire est une réalité très loin d'être une invention du Moyen Age. Je conclus. A l'heure où certains souscrivent à la réincarnation, n'est-il pas temps que les catholiques affirment haut et clair que c'est dans l'au-delà et non à force de revenir dans d'innombrables carcasses terrestres (dont nous n'avons aucun souvenir!) qu'il nous sera donné de nous purifier ?


Jean-Pierre Snyers