vendredi 9 août 2019
Absurde ou mystère ?
Deux questions... "Si Dieu existe, pourquoi le mal?" et "Si Dieu
n'existe pas, pourquoi le bien?" Une chose est sûre, notre univers est
ambivalent. En lui, coexistent le meilleur et le pire, la beauté et la
laideur, la vie et la mort. Admirable sur le plan de son évolution de
plus en plus complexe (de l'amibe à Jean-Sébastien Bach, avouons qu'il y
a un gouffre), il est en revanche détestable quand on constate
certaines lois brutales (cataclysmes naturels, extermination des
faibles par les forts...) qui en font partie. Face à de telles
contradictions, que répondre? Deux choix: croire à l'absurde ou au
mystère. Adhérer au fait que les souffrances et les injustices de ce
monde n'auront d'autre issue que le néant ou croire que celles-ci seront
réparées, transfigurées dans un au-delà hors de nos dimensions, de
notre temps et de notre espace. Que réclame notre coeur, le fin fond de
notre être? L'éternité ou le néant? Dieu ou le hasard? Certains diront:
"Si vous croyez en Dieu et en une vie éternelle après votre mort, ce
n'est que pour vous consoler. En fait, vous misez sur Dieu parce que
vous envie qu'Il existe, parce que cela vous rassure et parce que vous
avez peur que tout s'arrête après cette vie". Mais d'autres pourront
répondre: "Vous ne croyez pas en Dieu parce que vous n'avez pas envie
qu'Il existe, parce que l'idée que Quelqu'un qui vous serait infiniment
supérieur (vis-à-vis duquel vous auriez à rendre des comptes), vous
dérange. "Moi d'abord! Moi, maître de tout". Un peu comme un enfant qui
renierait son père, telle semble être votre conception de l'existence.
Je peux vous comprendre mais en pensant à vous, je ne peux me départir
de ces deux phrases qui resteront à jamais gravées dans mon esprit et
qui sont: "L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux"
(Lamartine), "Dieu est la totalité vivante de ce vers quoi notre coeur
s'élance" (St Thomas d'Aquin). Je sais...je sais combien je n'ai
toujours pas répondu à cette question fondamentale: "Si Dieu existe,
pourquoi le mal et la souffrance?" Mais en posant cette question, je ne
fais que postuler l'idée que l'univers que nous connaissons correspond
réellement à ce que Dieu a voulu. Cela teindrait la route si comme la
Bible et le Credo nous le disent, Dieu n'était pas d'abord le Créateur
d'un monde invisible, le Créateur d'un monde extra-terrestre, d'un
monde invisible dont font partie les anges et les démons, ces démons
qui par leur rupture d'avec Dieu n'ont de cesse de détraquer monde
terrestre. Dès lors, quoi d'étonnant à ce que cette horloge qu'est notre
univers ne donne plus l'heure exacte et qu'il n'y ait jusqu'au retour
du Christ aucun rétablissement de ce que l'univers était appelé à être?
mercredi 17 juillet 2019
Pas assez de foi.
Autant vous le dire tout de suite, je n'ai pas assez de foi pour être
athée. Quand je vois la somme de "miracles" produits par le hasard que
je devrais accepter pour l'être, ce n'est pas demain que je souscrirai à
ces mots de Bertrand Russel: "Le monde est une machine sans âme qui
suit une trajectoire aveugle dans l'infini de l'espace et du temps". Et
ce n'est pas demain non plus que je me demanderai: "Entre le néant d'où
je viens et le néant où je vais, quelle trace vais-je laisser?". Libre à
chacun bien sûr d'avoir une conception uniquement matérialiste de
l'existence, de croire qu'à la base de tout, ce qui a de l'être n'a pas
pour source un Etre qui est l'Etre, de croire que ce qui a de la
conscience d'exister, de la pensée, de la vie, de l'amour ne vient pas
de Quelqu'un qui est la Conscience d'exister, la Pensée, la Vie et
l'Amour. Quand au fait de pouvoir personnellement y souscrire, j'avoue
que j'en suis incapable. Vouloir me faire adhérer à ce genre
d'affirmations serait me demander d'admettre qu'un meuble peut fabriquer
un menuisier, un moteur un mécanicien, une fusée un cosmonaute. Partir d'un grand moins pour expliquer un plus, me semble en effet nettement
moins logique que de partir d'un grand plus pour expliquer un plus. Il y
a pas mal d'années déjà, au cour d'une rencontre que j'avais eue avec
l'académicien André Frossard, celui-ci n'avait pas hésité à me dire:
"Dieu existe, le reste n'est qu'hypothèse". Je pense qu'il avait
entièrement raison. A tout prendre, qu'y a t-il de plus probable: qu'il
puisse exister un Créateur sans créatures ou des créatures sans
Créateur? Encore une fois, liberté aux athées d'affirmer que notre monde
est le seul tableau qui n'a pas de peintre, la seule horloge qui n'a
pas d'horloger. Liberté à eux également de partir du postulat que que la
science est le seul moyen de connaissance et que Dieu (l'infini,
"Celui dont on ne peut concevoir de plus grand" selon le mot de St
Anselme) peut être réduit, enfermé dans le cerveau fini d'un humain.
Libre à moi par contre de considérer cette manière de penser comme étant
contradictoire. En attendant, une chose est sûre: si, comme je le crois
Dieu existe et si, comme je le crois aussi, une vie éternelle nous
attend après notre mort, je ne me priverai pas de leur dire dans
l'au-delà qu'ils se sont lourdement trompés. Mais si, comme eux le
pensent, seul le néant nous attend après cette vie, jamais ils ne
pourront me dire que je me suis trompé!
lundi 17 juin 2019
Comme ma mère autrefois...
Mes yeux ne te contemplaient pas et mon esprit ne te saisissait
pas, en ces neufs moi où tu me portas, endormi dans ta paix fragile.
Je
vivais, mère, au fond de ton être, ne connaissant de toi que les
battements de ton cœur ou de furtives impressions par lesquelles je te
devinais un peu. Mais ta présence me restait imprécise, au point que
j'en doutais parfois.
Un jour, contre toute attente,
quand vient mon heure de naître au temps, ton visage jusque là inconnu,
doucement s'est penché sur moi.
Alors, mes yeux se sont
éclairés, j'ai vu avec éclat que je ne m'étais pas trompé, que ta vie
timidement perçue était vraiment réalité...
Vierge Marie, Mère
du ciel, jamais je ne t'ai vue.Tu sais combien très pauvrement, malgré
mes doutes et mes échecs, j'essaye de te deviner par ma prière indocile
et les signes discrets que tu donnes.
Mais un jour viendra, je
le sais, quand sonnera l'heure de l'éternité, où je verrai ton visage.
Telle ma mère autrefois, sur mon corps encore chaud, tendrement tu te
pencheras et d'un sourire tu l'enveloppera. Alors, tremblant de joie je
te dirai: Mère, dans ma nuit je te pressentais, mais aujourd'hui mes
yeux te voient et mon cœur te reconnaît bien.
jeudi 23 mai 2019
Dieu, le grand oublié
Dans son livre intitulé "Traité d'athéologie", Michel Onfray écrit que
l'athéisme repose sur l'indémontrabilité de l'existence de Dieu". Le
moins que l'on puisse dire est que cette façon de penser n'est guère
pertinente. Si on y va par là, si on se contente d'un tel "argument"
pourquoi un chrétien ne pourrait-il pas lui répondre que le théisme
repose sur l'indémontrabilité de l'inexistence de Dieu"? Sans s'en
rendre compte, monsieur Onfray fait un acte de foi; un de ces actes
qu'il accompli chaque jour en prenant sa voiture sans avoir la preuve
formelle qu'il n'aura pas d'accident ou en mangeant un repas sans avoir
la preuve qu'il n'est pas empoisonné. On me dira que c'est à celui qui
affirme l'existence d'une chose d'en apporter la preuve. Fort bien quand
on en reste à des exemples simplistes du style de celui que l'univers a
été créé par un éléphant rose. Mais quand on se trouve devant une
horloge, est-ce à celui qui croit que celle-ci a comme source un
horloger d'en apporter la preuve? Ne serait-ce pas plutôt à celui qui
croit qu'elle n'en a pas et quelle vient du hasard de l'apporter? De
même, autant je puis accepter facilement qu'un mécanicien puisse
fabriquer un moteur, de même il m'est impossible de penser qu'un moteur
puisse fabriquer un mécanicien ou un meuble un menuisier. Tel est
pourtant ce que je devrais croire si je n'étais pas persuadé que Dieu
existe. La simple logique m'amène à penser que ce qui a de la conscience
d'être ne peut venir que de Celui est est la conscience d'être et que
ce qui a de la vie, de la pensée,de la soif d'absolu ou de l'amour ne
peut venir que de Celui qui est, selon le mot de saint Thomas d'Aquin: "La
totalité vivante de ce vers quoi notre coeur s'élance". Puisse notre
monde basé sur le matérialisme ne pas l'oublier. Puissent les humains
redécouvrir Celui qui, seul peut répondre à leurs aspirations les plus
profondes.
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