Monsieur
l'abbé,
Permettez-moi
de vous écrire. Puisque votre évêque ne vous dit rien, puisqu'il
vous laisse sans broncher tenir des propos ambigus et célébrer des
« liturgies » qui n'en sont plus, il faut bien qu'un
humble laïc « fasse le sale boulot ». Autant vous le
dire tout de suite, j'en ai plein les bottes ! J'en ai assez de
vos homélies plates et doucereuses, de vos agenouillements devant le
monde, plutôt que devant le Tabernacle, de vos « eucharisties »
transformées en spectacles, et même de vous voir dans la rue
déguisé en laïc. Rassurez-vous, vos fidèles n'y voient que du
feu. Paroles liturgiques délibérément retranchées pour laisser
place à d'autres (issues de votre cru) ?, normal !
Ambiance avant tout ! Gloire à l'assemblée et à son
auto-célébration ! Eh bien non, ce n'est pas normal ! Ce
qui est normal c'est d'avoir un curé conforme à ce que veut
l'Eglise et non un clerc qui s'arroge le droit de dire et de faire
autre chose ! Cela dit, je dois le reconnaître, on ne vous a
pas encore entendu proclamer que la vie éternelle, les anges ou les
démons, la rédemption ou l'assomption, la transsubstantiation ou
les miracles sont de pures inventions. Vous n'en parlez tout
simplement jamais ! Pas un traître mot sur ces réalités !
Motus et bouche cousue ! Seulement voyez-vous, il y a « des
silences qui parlent » et qui laissent deviner le fin fond
d'une pensée. D'ailleurs, je me suis laissé dire qu'en petit
comité, vous avez déjà « craché le morceau ». Mythes,
symboles, tous ces « mots archaïques »... Voilà
pourquoi vous vous taisez. Eh bien, « bas les masques ! » .
Cessez de semer le doute et de tromper votre monde avec votre langage
« à la Ponce Pilate ». Si les dogmes sont pour vous des
vieilleries dont il faut se débarrasser, quittez votre «sacerdoce »,
rejoignez les protestants les plus libéraux ou les anglicans les
plus modernistes ! Mais ça, c'est trop vous demander. La
cohérence et la franchise n'ayant jamais été « votre truc »,
vous préférez rester, continuer à ronger la pomme de
l'intérieur ! Je sais ce que vous allez me dire : « Que
faites-vous de la charité ? ». D'accord, je ne tourne pas
autour du pot. Mais vous ne comprenez donc pas que c'est « par
charité » que je vous écris ? Oui, par charité à
l'égard de tant d'humbles croyants que vous troublez, que vous
privez de nourriture, d'espérance véritable et de vérité !
Par charité pour vous aussi, monsieur l'abbé, car personne n'a,
semble-t-il, le courage de vous dire que vous faites fausse route et
qu'il est temps de vous ressaisir. Entendrez-vous cet appel ?...
Jean-Pierre
Snyers