jeudi 19 mai 2022

LA FOI CONTRE LA RAISON?

Prouver Dieu? D'abord, une précision: si on définit le mot "preuve" comme étant une démonstration contraignante, tellement évidente que personne ne pourrait plus la nier, il est évident qu'il n'y en a aucune. Si par contre, ce terme désigne un argument solide, difficile à contrer, il n'en va bien sûr pas de même. Cela dit, à l'égard de l'existence ou de la non-existence de Dieu, il y a incontestablement un pas dans le vide au-delà du rationnnel, Impossible d'échapper, en tout dernier lieu, à un pari; à un acte de foi qui, loin de n'être que religieux, nous concerne aussi dans nos gestes les plus quotidiens. Qui, en prenant sa voiture a la certitude absolue qu'il n'aura pas d'accident? Qui, dans un magasin, peut affirmer à 100% qu'il ne sera pas victime d'un assasinat? Certes, dans ces deux cas, les probabiltés que ce genre de drame se produise sont extrêmement faibles. Faibles, mais pas inexistantes. "Acte de foi", disais-je. Sur ce point et plus précisément à l'égard de Dieu, il m'arrive souvent de penser que, si je suis croyant, je le dois en partie au fait que je n'ai pas assez de foi pour être athée. Souscrire au mot d'un Bertrand Russel qui voit l'univers comme étant une "machine sans âme qui suit une trajectoire aveugle dans l'infini de l'espace et du temps", très peu pour moi! Le hasard régnant en maître absolu pour justifier l'évolution, voilà qui n'est pas prêt de me convaincre. Entre une amibe et Einstein, quel contraste! Considérant le fait que toute existence provient d'une autre existence, ma logique m'entraine à penser qu'à la base de tout, il n'y a pas un éternel néant par lequel rien ne peut naître, ni une intemporelle réalité sans vie, sans intelligence et sans conscience d'elle-même, mais un Etre sans commencement ni fin, qui peut seul, donner de l'être, de la vie, de l'intelligence et de cette conscience d'exister qui est le propre de l'homme. "Alors même que l'univers entier m'écraserait, écrivait Pascal, je serais encore plus grand que lui car lui n'en saurait rien, tandis que moi, je le saurais" Pour prendre un exemple simple: autant je peux admettre qu'un menuisier a fabriqué un meuble, autant il m'est impossible de croire qu'un meuble a fabriqué un menuisier. "Un mécanicien qui a pour origine un moteur", n'est-ce pas, quelque part, ce que sont amenés à admettre ceux qui partent d'un grand moins pour expliquer un grand plus; d'une chose pour expliquer un être? Dès lors, quid de l'athéisme? Dans son livre intitulé "Traité d'athéologie", Michel Onfray écrit: "L'athéisme repose sur l'indémontrabilité de l'existence de Dieu". Fort bien mais, dans ce cas-là, autant dire aussi que "Le théisme repose sur l'indémontrabilité de l'inexistence de Dieu". En somme, qui doit fournir des arguments pour étayer ses idées? "Vous qui soutenez qu'Il existe, me dira un athée. Si quelqu'un prétend qu'il a vu dans le ciel un éléphant rose, est-ce à moi de lui démontrer qu'il n'a rien vu"? Bien sûr que non, lui répondrai-je. Par contre, si, contrairement à un mot de Voltaire, vous pensez que mon horloge n'a pas d'horloger, est-ce à moi de vous "prouver" qu'elle en a un? Bon, je crois qu'on tourne en rond... Heureusement, un mot me revient à l'esprit. Son auteur? Lamartine. "L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux", écrit-il. Qu'est-ce à dire? Principalement ceci: si, comme nous avons des poumons parce qu'il y a un air à respirer, nos aspirations les plus profondes (telle celle d'un bonheur qui ne finirait jamais), ne sont-elles pas révélatrices de ce à quoi nous sommes "programmés"? Et si au fin fond de notre être, existait une sorte de nostalgie d'un paradis perdu? Voilà évidemment qui suppose la réalité de la vie éternelle. Sur ce point, trois possibilités purement rationnelles: après la mort physique, soit il n'y a rien, soit c'est pire qu'ici-bas, soit c'est mieux. Rien, pire ou mieux, quelle sera notre destinée et quelle sera celle de tous ceux que nous aimons? Certains signes comme les expériences NDE, les apparitions mariales ou les énigmes scientifiques telles que le Saint Suaire ou les miracles, ont tendance à nous montrer qu'il y a un autre monde au-delà de nos dimensions et de nos sens; que le réel n'est pas réductible à ce que nous percevons de lui et que, finalement, comme le laissait entendre saint Jérôme, notre vie présente pourrait ressembler à un rêve dont la mort nous réveillerait. Quoiqu'il en soit, si, comme je le pense, la vie ne s'arrête pas à la tombe, là-haut, un peu taquin, je ne manquerai pas de dire à ceux qui m'auront affirmé qu'il n'y a rien, qu'ils se sont lourdement trompés. Par contre, si comme ils le pensent, après c'est le néant, jamais, ils n'auront l'occasion de ricaner en me faisant comprendre que je me suis planté!

mercredi 11 mai 2022

Avortement: stop ou encore?

Le droit à l'avortement ne figurant pas dans la Constitution des USA, la Cour suprême vient de rédiger un avant projet de loi afin de permettre aux différents Etats d'avoir la liberté de légiférer en la matière. Immédiatement, scandale! "C'est mon corps et j'en fais ce que je veux", clament en choeur celles qui confondent la suppression d'un kyste avec ce qu'elles appellent l'IVG. "C'est mon corps et rien d'autre". Donc, logiquement, jusqu'avant la naissance; tant que l'accouchement n'a pas eu lieu, il n'y a pas de raison pour lesquelles elles ne pourraient pas avorter. Dès lors, la question est de savoir à partir de quand peut-on parler d'un être humain en devenir? Dès la conception? Dès la quatrième semaine, c'est à dire lorsque que le coeur commence à battre? Dès la sixième semaine, qui voit le cerveau fonctionner? Dès la huitième semaine, moment où l'embryon devient un foetus? Dès le sixième mois, comme le veut la législation au Royaume-Uni? Ceux qui refusent d'admettre qu'il y a vie dès la fécondation, sont-ils à même de nous démontrer à partir de quel mois, de quelle semaine, de quel jour et, pourquoi pas, de quelle minute, ils ont commencé à exister? Une chose est sûre: si le droit à l'avortement avait été voté par nos ancêtres, pas mal de celles qui revendiquent ce droit aujourd'hui, ne seraient pas nées pour le réclamer. A présent première cause de mortalité dans le monde, la peine de mort des innocents non encore nés devient tellement banalisée qu'on en vient finalement à se demander si les moeurs doivent se convertir à la morale ou si c'est la morale qui doit se convertir aux moeurs. Si on part du principe que la deuxième proposition est la bonne, pourquoi ne pas l'appliquer aussi dans d'autres domaines? Exemple: si demain les citoyens se mettent majoritairement à consommer des drogues dures, verra t-on nos Etats donner la priorité à leurs moeurs plutôt qu'à la morale? A force de rabaisser sans cesse l'idéal et à force de confondre le respect dû à chacun avec le respect des idées les plus folles, quelle société laisserons-nous à nos enfants?