vendredi 6 octobre 2017

Colonne vertébrale

"Le christianisme est une religion du salut dans l'au-delà et non un projet social ou politique pour ce bas monde" (Paul Veyne, professeur au collège de France). Pas la peine d'insister sur le fait qu'une telle formulation rejoint avec force ce qu'est la Prédication apostolique. Ce ne sont évidemment pas les apôtres qui s'inscriraient en faux par rapport au fait que notre vie sur terre n'est qu'un feu de paille au regard de celle qui, éternelle, réclame notre conversion au seul Sauveur et Rédempteur. Hélas, ce qui était évident, essentiel pour eux est, à mon sens, devenu tellement dénaturé, liquide ou perdu dans un langage  embrouillé, qu'il en résulte que les conséquences (la pratique) de ce qu'est la foi (reprises dans le Credo) sont finalement considérées comme étant la foi elle-même. Si les comportements (la praxis) passent avant la doctrine; si ceux-ci deviennent le socle au détriment de la Vérité, on aboutit inexorablement à une religion qui finit par ne plus se distinguer de l'humanisme. Le drame, c'est qu'à travers une telle conception ( à partir du moment où les conséquences deviennent la cause),  l'axe central du message chrétien est renversé. Quand saint Paul décrit clairement ce qu'est l'Evangile (1 Cor 15; 1-8)) et quand qu'il applique le mot "anathème" à ceux qui en annonceraient un autre (Galates; 1, 7-9), il nous montre avec force le coeur de sa prédication, l'axe du christianisme duquel dépend tout le reste. Dès lors, quiconque s'aventurerait à mettre une réalité autre que cet axe-là, quiconque n'accorderait plus à la Vérité la première place qui lui revient, devient  du même coup un faux prophète; un homme qui, sous couvert de discours philanthropiques, trahit la foi apostolique et son message central qui vise le salut éternel de l'âme. En ces temps de confusion doctrinale, de catéchèses vidées de leur substance, il me semble plus qu'urgent de prendre conscience qu'il n'y a aucun christianisme qui ne repose pas d'abord sur les cinq mots qui le caractérisent et qui sont: création, chute, incarnation, rédemption, résurrection. Puisse un jour dans l'Eglise cette colonne vertébrale retrouver enfin sa place centrale; une place sans laquelle ce que certains appellent faussement "l'Evangile" n'est plus qu'un corps flasque, sans vie; un prétexte au service d'une idéologie calquée sur l'esprit du monde.