mercredi 17 juillet 2019
Pas assez de foi.
Autant vous le dire tout de suite, je n'ai pas assez de foi pour être
athée. Quand je vois la somme de "miracles" produits par le hasard que
je devrais accepter pour l'être, ce n'est pas demain que je souscrirai à
ces mots de Bertrand Russel: "Le monde est une machine sans âme qui
suit une trajectoire aveugle dans l'infini de l'espace et du temps". Et
ce n'est pas demain non plus que je me demanderai: "Entre le néant d'où
je viens et le néant où je vais, quelle trace vais-je laisser?". Libre à
chacun bien sûr d'avoir une conception uniquement matérialiste de
l'existence, de croire qu'à la base de tout, ce qui a de l'être n'a pas
pour source un Etre qui est l'Etre, de croire que ce qui a de la
conscience d'exister, de la pensée, de la vie, de l'amour ne vient pas
de Quelqu'un qui est la Conscience d'exister, la Pensée, la Vie et
l'Amour. Quand au fait de pouvoir personnellement y souscrire, j'avoue
que j'en suis incapable. Vouloir me faire adhérer à ce genre
d'affirmations serait me demander d'admettre qu'un meuble peut fabriquer
un menuisier, un moteur un mécanicien, une fusée un cosmonaute. Partir d'un grand moins pour expliquer un plus, me semble en effet nettement
moins logique que de partir d'un grand plus pour expliquer un plus. Il y
a pas mal d'années déjà, au cour d'une rencontre que j'avais eue avec
l'académicien André Frossard, celui-ci n'avait pas hésité à me dire:
"Dieu existe, le reste n'est qu'hypothèse". Je pense qu'il avait
entièrement raison. A tout prendre, qu'y a t-il de plus probable: qu'il
puisse exister un Créateur sans créatures ou des créatures sans
Créateur? Encore une fois, liberté aux athées d'affirmer que notre monde
est le seul tableau qui n'a pas de peintre, la seule horloge qui n'a
pas d'horloger. Liberté à eux également de partir du postulat que que la
science est le seul moyen de connaissance et que Dieu (l'infini,
"Celui dont on ne peut concevoir de plus grand" selon le mot de St
Anselme) peut être réduit, enfermé dans le cerveau fini d'un humain.
Libre à moi par contre de considérer cette manière de penser comme étant
contradictoire. En attendant, une chose est sûre: si, comme je le crois
Dieu existe et si, comme je le crois aussi, une vie éternelle nous
attend après notre mort, je ne me priverai pas de leur dire dans
l'au-delà qu'ils se sont lourdement trompés. Mais si, comme eux le
pensent, seul le néant nous attend après cette vie, jamais ils ne
pourront me dire que je me suis trompé!