jeudi 6 septembre 2018

Apparitions de Beauraing: des hallucinations?

Il y a 85 ans cette année que se terminaient les apparitions de la Vierge à Beauraing. Comme certains le savent, c'est le 3 janvier 1933 que celles-ci prirent fin. Seulement voilà, qu'en est-il de leur crédibilité? Comment les appréhender? Par la raison bien sûr, mais en réalisant toutefois que celle-ci a sans doute ses limites. Un exemple. Si quelqu'un veut savoir telle musique lui plaira, il peut bien sûr en lire la partition, mais un autre que lui préférera l'écouter. Si quelqu'un veut savoir si tel cidre de Normandie a bon goût, il peut bien sûr se pencher sur les éléments chimiques qui le compose, mais un autre préférera le goûter. En transposant ne pourrions-nous pas dire que la méthode de celui qui rationnellement examine une apparition mariale serait semblable à la première façon de procéder, tandis que celle d'un  voyant serait semblable à la seconde? Examiner une expérience qu'on a pas vécue soi-même, qu'on ne peut appréhender que du dehors, ne risque t-il pas de nous laisser sur notre faim? Petite annecdote: Alphonse Ratisbonne, intellectuel juif connu à son époque pour son opposition au catholicisme, ne se privait guère de se moquer ouvertement des apparitions de la Vierge. Cela dura jusqu'au jour où, en 1842 dans une église de Rome, celle-ci lui est apparue. Devinez la suite...
Bon, "Revenons à la raison", si je puis dire. Les apparitions de Beauraing sont-elles dues à ce qui relève du psychisme ou à ce qui dépasse l'ordre naturel? Ont-elles un caractère objectif ou subjectif? Proviennent-elles de ce monde visible ou d'un monde invisible?     
Une chose semble sûre. Qu'elles soient dues à une pathologie, à l'hypnose, à la prise d'une substance hallucinogène, ou à une auto-suggestion, le résultat est le même: l'hallucination. En utilisant ce terme, je me réfère à la définition commune qui lui est donnée: "Perception sans objet". Ce qui est vu n'existe que dans le psychisme de ceux qui voient.  N'ayant aucun caractère objectif, la vision qu'ils perçoivent est uniquement en eux-mêmes. Pas ailleurs. Qu'il s'agisse d'une hallucination ou d'une apparition, un point commun les réunis: dans les deux cas, les personnes voient ce que les autres ne voient pas. Seraient-elles donc une seule et même chose ou des éléments permettent-ils de les différencier? Sont-elles toutes les deux d'ordre naturel et correspondent-elles chacune aux critères nécessaires pour l'affirmer?Les 5 enfants de Beauraing auraient-ils vu une réalité qui pourrait s'apparenter à un rêve éveillé, à une vision qui n'existe que dans leur mental? Dans l'affirmative, une question survient.  Etant donné qu'il n'y a pas plus de distance entre un halluciné et son hallucination qu'entre une personne qui rêve et son rêve, comment un objet matériel disposé "entre" un point qui existe (le voyant) et un point qui n'existe pas (ce qu'il voit), pourrait-il obstruer (totalement ou partiellement) sa vision? S'il s'agit d'un phénomène uniquement intérieur, pourquoi et comment quelque chose d'extérieur serait-il un obstacle qui gênerait celui qui voit? Tel est pourtant le cas à Beauraing. Que ce soit par un arbre, une grille, une personne ou un chapeau placé devant leurs yeux (le test a été fait), leur vision est barrée en tout ou en partie par ce qui se trouve entre la Vierge et eux.Pareil au sujet de ce qu'ils entendent: Trop de bruit extérieur dérange l'audition de ce qui leur est dit par l'apparition. Certains spécialistes ont tiré argument du fait qu'à Medjugorje, les voyants n'étaient nullement gênés par cela. Voilà pour eux le signe que ce qu'ils entendent n'est qu'intérieur, généré par leur cerveau.  Mais alors à l'inverse, en fonction de cet argument, ne peut-on pas conclure qu'à Beauraing, on a le signe qui indique qu'il ne s'agit pas d'un phénomène auditif produit par le psychisme des voyants? Par ailleurs, le fait que durant les apparitions leur regard est convergent, dirigé vers un même point, n'est-il pas lui aussi contradictoire à ce qu'est une vision intérieure? Quand on sait de plus qu'une hallucination peut également être perçue par une personne qui a les yeux fermés (ce qui semble logique puisque la vision est interne), n'est-il pas hasardeux de continuer à considérer ce terme comme équivalent à ce qu'est une apparition?

Autre élément. D'après l'interrogatoire du 28 décembre (qui, comme chaque soir d'apparition était effectué par de multiples enquêteurs), la Vierge a dit à cette date: "Ce sera bientôt ma dernière apparition". Restait à savoir si cette prédiction se réaliserait dans les faits.Quelques jours suffiront pour avoir la réponse. Le 3 janvier suivant, en effet, l'apparition se montrera à eux pour la toute dernière fois. Celui qui connaît un peu Beauraing sait qu'entre le 29 novembre et le 28 décembre 1932, il y a eu beaucoup plus d'apparitions qu'entre le 28 décembre et le 3 janvier 1933. Donc, le mot "bientôt" se justifie. Prophétie annoncée, prophétie réalisée.  "Adieu" (ou "à Dieu?") sera le mot par lequel elle prendrait définitivement congé d'eux sur cette terre. Malgré leur désir intense de la revoir qu'ils conserveront toute leur vie, jamais plus elle ne se montrera. Si, comme le disent certains détracteurs, tout n'est qu'une hallucination (qui aurait prédit qu'elle prendra bientôt fin!) causée par une auto-suggestion, une pathologie ou une hypnose, pourquoi le phénomène ne fonctionne t-il plus? Ils auront beau revenir tous les soirs sur les lieux, ils auront beau désirer de tout leur être que ça continue, fini! En négatif, tout ce qu'ils leur restera ne sera jamais rien d'autre qu'un manque. "Elle me manque! Je n'attends qu'une seule chose: la revoir!" a souvent dit Gilberte Degeimbre (l'une des voyantes décédée en 2015). Avouons que nous sommes bien pauvres. Avouons que nous ne pourrons jamais nous mettre à leur place et comprendre, comme eux l'ont compris, la réalité profonde de ce qu'ils ont vécu; une réalité dont, contrairement à eux, nous n'avons pas l'expérience et qui, quelque part, les a toujours rendu seuls, semblables à quelqu'un qui, pourvu de ce sens qu'est la vue, est face à des aveugles de naissance.

Une Eglise dans son rôle?

Il y a le réchauffement climatique, mais il y a aussi le refroidissement de la foi. Il y a la pollution atmosphérique, mais il y a aussi la pollution spirituelle des âmes. Il y a la dérive du plastique dans les océans, mais il y a aussi les dérives doctrinales, liturgiques et morales dans l'Eglise. Et j'avoue qu'il me semble bien étrange de voir cette Eglise préoccupée surtout (tels ceux dont c'est le rôle) de ce qui appartient à ce monde qui passe plutôt qu'à celui qui le dépasse et qui, éternellement demeure. Y aurait pas un problème? Est-ce bien cela le message apostolique?